Esthétique, silencieuse et relativement peu encombrante, l’éolienne urbaine en forme d’arbre fut développée en 2011 par la startup parisienne NewWind. Elle prétend couvrir 83 % de la consommation d’électricité d’une famille de 4 personne (hors chauffage) en récupérant les vents difficiles, dit turbulents, grâce à son système de micro-turbines en forme de feuilles, les Aeroleafs®. Découverte.

Inspirée de la nature, silencieuse, élégante

C’est en observant les feuilles d’un arbre s’agiter lors d’un jour sans vent que Jérôme-Michaud Larivière, président de NewWind, ex-scénariste pour le cinéma et la télévision, a eu l’idée de récupérer cette énergie insoupçonnée. Trois ans de recherche et développement plus tard ces mini-éoliennes verticales capables de « capturer » les vents à 360°, étaient nées : les Aeroleafs. Selon l’entreprise, elles sont conçues pour capter les turbulences de l’air avec un seuil de production électrique relativement bas de 2m/s (contre 3 ou 4m/s pour les éoliennes classiques). Une configuration qui permet de doubler le nombre de jours utiles sur une année. Il ne restait plus qu’à monter ces unités de production de manière à les intégrer dans le paysage urbain, ce qui est aujourd’hui chose faite.

Leur première application commerciale, l’Arbre à vent, comporte de 54 à 60 turbines aux couleurs alternées. Celles-ci sont montées sur des branches immaculées et un tronc en acier donnant une apparence d’arbre. Au total, la structure fait 9 m de haut et 7 m de large, pour un poids de 3,05 tonnes et une puissance installée de 5,4 kW. Sa faible hauteur est un atout non négligeable en France, elle permet de se passer d’un permis de construire, une simple déclaration de travaux en mairie suffira. Mais ça n’est pas tout, pour séduire le consommateur, l’invention, en plus d’être silencieuse, se devait d’être élégante. Le look de l’arbre éolien a donc été confié au designer suisse Claudio Colucci. Autre avantage, toutes les pièces sont fabriquées en France (98%), à l’exception des aimants qui viennent d’Asie.

Une petite startup qui monte

Bien que les clients se comptent toujours sur les doigts d’une main, la startup semble être portée par des vents favorables. Le premier prototype de l’arbre à vu le jour en 2013, le second en 2014 et la pré-série est actuellement en cours de fabrication. Date de livraison prévue : juin 2016. La phase d’industrialisation a notamment été rendue possible par une campagne de financement participatif lancée sur la plateforme Wiseed. Deux des premiers exemplaires de pré-série, acquis par Engie, ornaient d’ailleurs l’entrée de la Cop21, fournissant du même coup une énorme vitrine commerciale au projet, qui bénéficie d’un engouement certain de la presse et du public.

Actuellement en phase de production, l’Arbre à vent est commercialisé au prix de 46.500 €, nous a communiqué l’entreprise. Le marché visé est donc plutôt à chercher du côté des collectivités locales et des entreprises qui peuvent se permettre de gros investissement. Selon New Wind, un Arbre à vent, entièrement tropicalisé pour résister à toutes les intempéries, aurait une durée de vie d’au moins 15 ans. Il permettrait d’éclairer 455 mètres de voies publiques, 164 m2 de bureaux, ou encore 71 places de parking extérieur. Pour les particuliers, NewWind promet de concevoir un « buisson à vent » très prochainement ou encore des « feuilles de toit » d’une puissance installée de 360W.

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Un léger vent de discorde

Symboliquement puissant et déjà plusieurs fois primé, l’Arbre à vent a pourtant ses détracteurs. Comme le souligne l’ADEME, se pose ici le problème du petit éolien urbain : le plus souvent, les éoliennes installées dans les villes n’ont pas assez de vent pour compenser les émissions carbone (énergies grises) issues de leur fabrication et de leur installation. De plus, dans le cas présent, si on considère la consommation électrique d’un foyer de 4 personnes hors chauffage sur un an (estimation haute avec chauffe-eau électrique 8000 Kw) multipliée par le prix du Kw/h (estimation haute, tarif Enercoop 0,16780 €), on arrive à une somme de 1313,16 € de facture électrique par an. Il faudrait donc théoriquement plus de 30 ans pour que l’électricité produite rembourse l’achat de l’engin…

Cependant, ces critiques justifiées sont à replacer dans leur contexte. NewWind reste une très petite entreprise française avec un produit technologique nouveau et à la clientèle limitée à ce jour. Celle-ci espère développer son système et entrer dans un marché d’échelle pour réduire les coûts et rendre son concept plus abordable comme c’est souvent le cas pour de nouveaux produits. Dans un communiqué, l’entreprise a annoncé des améliorations notoires jusqu’en 2017, dont un système racinaire géothermique (tubes caloporteurs) apportant un complément de puissance de 500 à 750W. De plus, la structure même de l’arbre gagnera en durabilité avec un tronc de bois et de fibres naturelles. Les aimants de la prochaine génération sont également annoncés sans néodyme. Un concept aux airs de résilience écologique à suivre de près.

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